Légendes d'ailleurs : Cuauhtemoc Blanco et le "coup du crapaud"

Légendes d'ailleurs : Cuauhtemoc Blanco et le "coup du crapaud"

On continue notre série d'articles consacrés à ces joueurs parfois méconnus chez nous, mais légendaires dans leur pays natal. Après Trésor Mputu, place au Mexique et à Cuauhtemoc Blanco, magicien atypique qui n'a jamais brillé hors de son pays ...

Cuauhtemoc Blanco n'est pas le meilleur joueur mexicain de tous les temps. Hugo Sanchez, le buteur du Real Madrid (208 buts pour la Casa Blanca), et Rafael Marquez, le solide milieu de terrain et défenseur du FC Barcelone co-détenteur du record de Coupes du Monde disputées (5), se partagent probablement ce statut officieux. Mais si vous parlez à un Mexicain, il pourrait bien nommer "El Cuauh" comme son favori : comme tant d'enfants du peuple, Blanco a ce statut particulier d'idole,  que peuvent également revendiquer Carlos Tévez en Argentine, Paul Gascoigne en Angleterre ou Eric Cantona en France. 

L'envol de l'aigle 

Cuauthemoc est un nom symbolique au Mexique : il est celui du dernier chef de guerre de Mexico (Tenochtitlan) lors de la lutte face à l'envahisseur espagnol. Un nom à consonance indigène signifiant "l'aigle descendant sur sa proie", donné à Cuauhtemoc Blanco en hommage à un héros national qui finira abattu par le conquistador Hernan Cortés. Assez logiquement, c'est donc à Mexico que "l'aigle" Blanco s'envolera, sous les couleurs du Club América, le plus titré du pays. 

Après plusieurs saisons et à 27 ans, Blanco tentera sa propre "Conquista", celle de l'Espagne : un échec cuisant. Grave blessure subie en match amical international qui ruine sa première saison, puis difficulté à s'adapter : le flamboyant attaquant (avant que l'âge le fasse reculer en meneur de jeu) ne trouve pas ses marques à Valladolid (23 matchs, 3 buts), au-delà d'un coup-franc face au Real Madrid. Blanco lui-même affirmait que sans sa blessure, il aurait rejoint la Casa Blanca. Il se contentera d'abattre symboliquement le club le plus puissant d'Espagne et de Castille, 500 ans après la mort de Cuauhtemoc des mains de Cortés. 

Héros local 

C'est donc au pays que Cuauhtemoc Blanco brillera, remportant enfin pour la première fois le championnat du Mexique avec l'América en 2005. Il sera élu meilleur joueur de la Liga à deux reprises (2005, 2007) et après un nouveau passage à l'étranger, au Chicago Fire, terminera sa carrière comme journeyman du football mexicain : six clubs (en D1 et D2) de 2008 à 2015, des moments de brillance et un physique qui l'a depuis longtemps forcé à devenir un numéro 10 à la vision du jeu panoramique. 

La "Cuauhtemiña"

Mais si Blanco est connu en Europe, c'est surtout pour ses prestations sous le maillot du Mexique en Coupe du Monde. Ce sont surtout ses 120 matchs (38 buts) avec El Tri qui ont fait de Blanco une légende du football mexicain : meilleur buteur de la Coupe des Confédérations en 1999, il s'était déjà fait connaître un an plus tôt au Mondial 1998. Les Diables Rouges croisent son chemin (il inscrira - magnifiquement - le 2-2, participant à l'élimination belge) et le monde découvre un geste étrange : la "Cuauhtemiña", ou "coup du crapaud" ... Geste qui sera même intégré au célèbre jeu vidéo FIFA. 

Écarté du groupe en 2006 par Ricardo La Volpe, Cuauhtemoc, vieillissant, sera rappelé en urgence lors des qualifications pour le Mondial 2010. Après trois ans sans porter le maillot d'El Tri, Blanco inscrira trois buts pour aider la sélection à se qualifier pour la Coupe du Monde sud-africaine.

Homme du match ... au Heysel 

Si son dernier but en sélection sera sur penalty face à la France en poules, à Polokwane, c'est à ... Bruxelles que l'empereur du football mexicain offrira l'un de ses derniers moments de brillance : le 3 juin 2010, face à l'Italie, Blanco, monté au jeu en seconde période sous les acclamations du public mexicain présent au Heysel, tuera le match en servant magnifiquement Moreno dans le dos de la défense pour le 0-2. Le public italien, présent en masse, est médusé. El Cuau, 37 ans à l'époque, sera moqué par certains observateurs en Afrique du Sud pour son surpoids et sa méforme. Qu'importe : sa légende est déjà forgée ... 

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