Interview Namur est à 90 minutes de la Nationale 1 : "Notre destin est entre nos pieds !"
L'Union Namur peut conclure sa saison en véritable apothéose. Ce dimanche (15h), les Merles reçoivent Solières. En cas de victoire, ce sera la montée en Nationale 1.
Bien des choses ont changé sur les derniers mois à Namur. Montant alors de D3 ACFF cette saison, les Merles ont d'abord eu des résultats mitigés, ce qui a eu comme conséquence le départ du coach, Olivier Defresne.
Arrivé à la mi-octobre, c'est l'ancien joueur de Charleroi, de l'Union Saint-Gilloise et de l'Antwerp, Cédric Fauré, qui a alors pris les rênes de l'équipe. Le changement fut quasi-instantané : Namur a enchaîné les bons résultats et s'est progessivement imposé comme un prétendant très sérieux à la montée en Nationale 1.
Suite au refus de Warnant, pourtant largement leader du championnat avec 72 points, de demander la licence, Namur, 59 points, peut donc acter sa montée ce dimanche en cas de victoire contre Solières devant son public, et pour la dernière du Stade des Bas-Prés.
En marge de cette journée qui peut être historique pour le club namurois, nous nous sommes entretenus avec son T1, Cédric Fauré.
Walfoot : Au vu de la situation actuelle en D2 ACFF, vous avez donc votre destin entre les mains pour monter en Nationale 1...
Cédric Fauré : "Je dirais plus qu'on a notre destin entre nos pieds. Je préfère être dans cette situation que de poursuivre quelqu'un. On sait que notre destin est lié à notre résultat. Mais il ne faut pas se mettre une pression particulière. Il ne faut pas que l'enjeu dépasse le jeu et prenne le dessus. Nous devons aborder ce match sereinement. Si on le joue comme les trois derniers matchs, avec rigueur et application, on pourra obtenir un très bon résultat. Mais en face, il y a une équipe qui joue sa survie. Si on arrive à mettre Solières en difficulté et à marquer rapidement, je pense qu'on peut leur montrer qu'il n'y aura pas grand-chose qu'on leur laissera."
Juste derrière vous au classement, Tubize-Braine est à un point et joue contre Meux ce dimanche. C'est donc un autre club namurois qui pourrait être arbitre de la montée...
"J'ai beaucoup appris dans ma vie, même si je n'ai que 44 ans. Ce que j'ai retenu, c'est qu'il ne faut compter que sur soi-même. Il faut que nous donnions le maximum pour gagner ce match. On n'a pas besoin de tenir compte du résultat de l'équipe adverse. Je ne veux pas compter sur un faux-pas de Tubize, parce que c'est une très belle équipe."
Dans le pire des cas, vous accéderiez au tour final.
"Oui, mais je ne veux pas passer par ce tour final. Vu que la deuxième place est accessible, autant terminer vice-champion devant Warnant. C'est toujours plus gratifiant de terminer vice-champion que 4e ou 5e."
Et en plus, vous disputeriez la première partie de tour final pour du beurre...
"Oui, car les autres équipes n'ont pas la licence (dont La Louvière-Centre, nda). C'est un peu compliqué. Je trouve que ça fausse un peu le championnat, parce qu'il y a des équipes qui en janvier, février ou mars n'ont plus rien à jouer et commencent à contacter des joueurs. J'ai des gars qui ont été contactés. Il y en a déjà deux qui avaient signé autre part. C'était un peu folklorique. Il a fallu un peu remettre les choses en ordre et répetér que le plus important, c'était de se consacrer pleinement à la fin de saison de Namur et essayer de faire monter le club."
Pourtant, tout n'a pas été évident depuis que tu es arrivé à Namur. Comment as-tu fait pour que tes joueurs maintiennent le cap ?
"Quand je suis arrivé au club, il y avait du travail et certaines choses à mettre en place. On n'allait pas tout régler d'un coup. On a perdu le premier match à La Louvière-Centre, puis on perd contre Hamoir à domicile. On a réussi ensuite à se mettre dans le droit chemin. On a récemment connu une série de deux points sur 12. J'ai été suspendu pendant 4 matchs, c'était mon adjoint sur le banc. Ce n'est la faute de personne, mais quand le chef n'est pas là, l'orchestre déraille un peu. Etre derrière les balustrades, ce n'est pas la même chose qu'être sur le bord de la pelouse. Dans le même temps, les autres équipes n'ont pas beaucoup avancé non plus. Il y a aussi des choses en interne qui se sont passées. Mais j'étais persuadé qu'on allait redresser la tête. J'ai des joueurs et un groupe de qualité. Je le savais aussi par mon expérience de joueur. J'ai connu 6 montées, et il y a toujours un moment dans la saison où c'est un peu plus compliqué. Il faut tenir mentalement, c'est le plus important."
Quand tu parles des choses en interne, je suppose que tu penses notamment au départ de ton adjoint, Pierre Salmé ?
"Oui. Pierre est parti. L'entraîneur des gardiens est parti. Je me suis un peu retrouvé tout seul. Mais ça ne me faisait pas peur. Il y avait une ambiance un peu bizarre dans le groupe. Les joueurs le ressentaient aussi. On sentait qu'il y avait quelque chose qui était cassé. Les choses sont maintenant revenues à la normale."
Malgré cette réorganisation interne, est-ce tu gardes une entière confiance en le club, avec qui tu as officiellement prolongé ?
"Bien sûr ! Je suis très content de continuer avec Namur. Pierre n'a pas voulu prolonger pour diverses raisons et c'est son choix. Quand on débute une carrière d'entraîneur en Belgique, être dans un club comme Namur c'est déjà très bien. Je suis également content d'avoir obtenu une prolongation avec des conditions que j'espérais. La possibilité de monter en troisième division nationale, c'est aussi une vitrine. Il ne faut pas oublier que je ne suis entraîneur que depuis 3 ans. Je suis passé de P1 à peut-être la D1 amateur. C'est une belle évolution pour moi, qui veut y aller palier par palier."
Cette potentielle montée serait également une vitrine pour l'Union Namur, qui a annoncé bientôt passer en coopérative, et s'ouvrir aux investisseurs. Bref, un club qui est en train de se moderniser.
"Bien sûr. Le président (Bernard Annet, nda) savait qu'il pouvait assumer en D3 et en D2. Mais la Nationale 1, on franchit un palier. C'est le monde semi-professionnel. Il veut s'entourer. Je sais que certaines personnes vont rejoindre le club, notamment pour conseiller le président. Je pense que le club est en train de très bien se structurer. Sportivement, c'est allé peut-être un peu plus vite que ce que l'on pensait. C'est pour cela qu'il est très important de structurer le tout."
Ce dimanche, Namur s'apprête à vivre une journée historique : fans mobilisés en masse, match retransmis en direct...Ce sera l'occasion rêvée d'écrire l'histoire pour la dernière du Stade des Bas-Prés - dont le contrat de prêt se termine le 30 juin et ne sera pas prolongé.
"Tous les voyants sont au verts, en effet. Mais le seul hic, c'est que le stade va être détruit pour construire un parking. C'est déjà la deuxième fois. Je sais que je ne vais pas me faire des amis auprès de la Ville de Namur, mais pour moi, c'est scandaleux. C'est le premier club de la ville. Il peut atteindre le troisième échelon national, mais n'a pas son propre stade. C'est un peu retirer leur bébé aux supporters. Je me mets à leur place, et je suis triste pour eux. Quand tu es supporter d'un club, le stade c'est un peu comme ta deuxième maison. Je trouve cela excécrable de leur retirer, parce qu'ils s'identifient au stade."
"Depuis que je suis arrivé ici, je me suis pris de passion pour ce club et j'adore son stade. C'est un endroit convivial, un peu fermé. C'est vraiment un beau stade pour un club comme Namur."
As-tu préparé un discours pour tes joueurs avant ce match ?
"Dimanche, mes joueurs savent bien qu'ils ne vont pas devoir courir pendant 90 minutes, mais bien pendant 95. On doit se dépouiller pour accéder à cette apothéose."
"D'habitude, je leur parle avec le coeur. Je me sers aussi de ce que certains adversaires disent. Je pense que je vais leur parler au feeling, leur dire ce que je ressens vraiment."
(Photos tirées de la page Facebook officielle de l'Union Namur)